Septembre 2009

Suite à la sortie inattendue du projet (Siamo) Vicini A Voi, il me tardait de rencontrer F et Pierre – Thomù étant souffrant – afin qu’ils nous éclairent sur cet objet étrange, obscur, hermétique et, il faut le dire, moins personnel, mais aussi sur des sujets plus explosifs (c’est le moins que je puisse dire…).

Q : Que pouvez-vous me dire sur ce projet ?

F : Ce n’était pas prévu. En fait, on s’est retrouvés tous les trois un soir pour boire un verre et, évidemment, on a pris nos instruments. Ce qui est sorti ce soir-là était assez étrange et on a voulu approfondir.

Pierre : Oui, mais on a voulu retrouver l’esprit de cette soirée. On a donc pris le parti de ne pas entrer dans des structures compliquées. On n’a même pas décidé s’il fallait des structures d’ailleurs !

Q : Justement, c’est ce qu’on ressent à l’écoute de ces quatre titres : c’est du brut à l’état pur, c’est presqu’une longue improvisation.

F : Non, pas du tout. On savait parfaitement ce qu’on voulait : une rythmique simple et entêtante, la même ou presque sur l’entièreté du morceau, avec les guitares qui elles sont assez libres.

Pierre : Mais pas trop non plus !

Q : Je m’interroge tout de même sur votre démarche. Les influences sont cette fois-ci assez évidentes…

Pierre : C’est vrai. On a beaucoup écouté ces temps-ci des groupes comme Zeni Geva, Zu, Bloarzeyd ou Isis… On voulait un truc lourd et hypnotique en même temps. Une espèce de rouleau compresseur répétitif !

F : On ne s’est jamais dit qu’on allait révolutionner la musique avec ce projet. Mais cela collait parfaitement avec nos pensées du moment : faire la révolution, tout démolir, faire peur aux décideurs quand ils sortent de chez eux ! (rires)

Q : Justement, ce genre de morceau, on pouvait déjà en trouver sur d’autres de vos albums, en moins extrême sans doute. Pourquoi et comment décidez-vous que tel ou tel projet n’entrera pas dans Exquisite Delight Of Being ?

F : Ah mais si, c’est la même chose, c’est juste le nom qui change. Pourquoi ? Parce que, comme tu le remarques justement, c’est que musicalement, il y a une sorte de décalage avec EDOB, c’est une sorte de musique parallèle. Généralement, ce sont des morceaux qu’on ne jouera jamais sur scène. Elle est sans doute là, la différence. Et aussi du fait qu’un projet est terminé sans que tous les membres n’y participent.

Q : Ce projet est-il fait pour durer comme cela l’était pour S.C.O.L

F : On n’en sait rien. C’est con comme question… (rires).

Q :Est-ce que le fait que Pierre soit à la batterie et que Thomù soit le chanteur principal ici fait que ce disque ne devait avoir le nom d’EDOB ?

F : Oui, peut-être…

Q :Pourquoi ce choix dans les rôles ?

F : La voix criée de Thomù est plus appropriée que la mienne sur ce genre de sons. Et puis, cela me permet de plus me concentrer sur le jeu de guitare qui, malgré les apparences, est parfois assez compliqué.

Pierre : Pour la batterie, c’est encore plus simple, John n’était pas là ce soir-là !

Q : Les textes sont-ils importants sur ce disque ?

F : Oui bien sûr ! Ce sont en fait des textes tirés de discours de révolutionnaires et d’anarchistes plus ou moins célèbres, importants en tout cas. Même si parfois, ces extraits sont enlevés de leur contexte pour en faire des slogans. C’est pourquoi Thomù scande plus qu’il ne chante.

Pierre : C’est ce qui fait aussi sa richesse, plein de slogans imbriqués les uns dans les autres, sur presque 30 minutes !

Q : Je sais que nous en avons déjà parlé, mais il semble que plus le temps passe et plus vous vous faites critiques sur le monde et l’humanité…

F : C’est un doux euphémisme ! (rires)

Pierre : Plus le temps passe et pire c’est, non ?

F : Sans rire, je n’ai aucune considération pour la race humaine. Dès que je sors de chez moi, je constate les dégâts que l’Homme fait, ça fait cliché comme parole, mais c’est ainsi. On a défait en 20 ans ce que la planète a fait en des millions d’années. On va crever ! (rire) C’est bien fait pour notre gueule !

Pierre : Ce n’est d’ailleurs pas un mal ! Sérieusement, la planète n’a pas besoin de nous. Elle n’avait d’ailleurs peut-être pas besoin de dinosaures, allez savoir ! (rire)

F : On est les nouveaux dinosaures, on doit disparaître et laisser la terre aux animaux ! (rire)

Pierre : Et puis y a tout le reste…

F : Non, c’est vrai, moi je me fous de savoir que dans 50 ans, il y aura des millions d’hommes et de femmes qui seront noyés par les flots ou qui crèveront d’asphyxie ou de cancers ; après tout, c’est pour leur gueule… Moi, je pense plutôt à ces pauvres ours polaires, à toutes ces espèces animales qui vont disparaître et qui disparaissent en ce moment… Elles n’ont rien demandé, elles n’y sont pour rien. Nous, si… Je pense à tous ces cons de parents qui emmènent leurs sales gosses au cirque voir des pauvres bêtes faire des numéros idiots quand elles ne sont pas enfermées dans leur cage…

Q : C’est tout le thème de « We Be Animals »…

F : Oui. Nous sommes pour le règne animal.

Q : Vos propos sont tout de même très extrémistes, vous ne trouvez pas ?

Pierre : Nous sommes des extrémistes ! Et alors ? L’état dans lequel l’être humain a plongé le monde n’est-il pas extrême ? Les assassins qui nous gouvernent ne sont-ils pas pires en réalisant leurs forfaits sous le couvert de cette connerie de démocratie ? Nous, on le dit : on est des extrémistes.

F : Tant que ceux qui gouvernent le monde n’auront pas peur de sortir de chez eux, crois-moi, y aura rien qui changera.

Q : Revenons à la musique… Vous m’avez dit récemment qu’une tournée estivale était prévue. Quels pays visiterez-vous ?

F : Pour le moment, la France, l’Italie, la Suisse, peut-être l’Allemagne, peut-être l’Espagne, peut-être le Danemark et pour la première fois, peut-être la Grèce.

Q : C’est énorme !

F : C’est pour ça qu’il y a des « peut-être » ! Mais on va être gentil avec toi, on va te donner toutes les villes confirmées pour que tu puisses déjà l’écrire sur ton blog que personne ne lit ! (rires)

Q : Des sorties ?

Pierre : Normalement, un double single vinyle d’EDOB et un album vinyle de (Siamo) Vicini A Voi.

F : Et peut-être un nouveau projet ! Mais on verra. Bon, on arrête, tu en sais déjà trop !