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Folivora Sonora

Bretagne (17/08/2005)

30 Juin 2015 , Rédigé par edobeing Publié dans #Interviews

'ai rejoint EDOB sur la route en Espagne. Plusieurs choses m'ont frappé lors de cette expérience unique sur la route. Tout d'abord, un groupe homogène, qui ne fait qu'un, une ambiance chaleureuse et sans stress, même quand de temps en temps, un petit problème vient tenter d'enrayer la machine. Comme cette grosse frayeur sur la route qui nous emmenait dans les environs de Nantes où F, dans la camionette de tête, a perdu le contrôle de son véhicule après une crevaison... Heureusement, plus de peur que de mal, mais de gros dégâts au véhicule qui comptait déjà plus de 400 000 kilomètres au compteur. C'est avec le sourire que Pierre est ressorti le premier avec un large sourire pour nous dire que tout allait bien. Le concert du soir a malgré tout dû être annulé, le temps de remorquer le véhicule et d'y faire quelques réparations de fortune. Le lendemain, le moteur lachait définitivement... Qu'à cela ne tienne, la camionette était immédiatement revendue pour une bouchée de pain et un autre ancêtre était acheté pour terminer la tournée!

Ensuite, ce sont ces quelques endroits étonnants où EDOB a joué, notemment à Barcelone où EDOB a rempli sans problème une salle de 2500 personnes, puis le lendemain, jouait devant une petite centaine de personnes dans la cour d'une école...

Lors d'une journée de repos sur la plage et sous un ciel gris foncé, j'ai pu continuer mon interview avec Sylvie, mais aussi avec le taciturne F, les autres membres du groupe étant affalés sur le sable...

Q: Ces journées de repos sont-elles importantes?

S: Elles font du bien, mais elles sont rares, comme tu as pu le constater.

Q: Jusqu'à maintenant, cette tournée est-elle positive?

S: Oh oui, très! Tout s'est passé à merveille, sauf cette histoire de camionette, mais on rentre en Belgique dans pas trop longtemps, on pourra à nouveau en changer parce que celle-ci est vraiment très vieille! On va aussi avoir un autre problème: on va tomber à court de disques! Il ne nous reste plus qu'une petite centaine d'exemplaires du dernier album...

Q: Vous allez en represser?

S: Non, en fait, nous ne sommes partis qu'avec 1500 disques parce qu'on n'a pas eu le temps de terminer toutes les pochettes; elles doivent être prêtes en Belgique, normalement, non?

F: C'est ce qu'on m'a dit. Mais c'est quand même emmerdant. On essayera quand même d'en vendre, on les enverra aux gens après.

Q: J'ai parlé avec Sylvie de la philosophie du groupe. Le fait que tu en sois le créateur fait-il de toi le leader?

F: (après un long moment de réflexion) Non, je ne pense pas qu'on puisse me qualifier de leader parce que je n'impose rien, on compose tous, on a chacun son mot à dire et heureusement, je me trompe très souvent. Pour ce qui est de la philosophie du groupe et de son indépendance, là, je suis intransigeant. Mais je ne pense pas que ça pose de problème. Si?

S: Pas du tout.

Q: Mais pourquoi cette extrême indépendance?

F: Parce que justement, elle est extrême. Et, jusqu'à preuve du contraire, elle nous réussit très bien, regarde par toit-même, on tourne, on passe du bon temps, on découvre, on gagne juste assez sa vie pour aller d'une ville à une autre en faisant ce qui nous plaît. Le reste, ma foi, on s'en tape un peu.

Q: A Perpignan, vous avez été pris à parti par quelques spectateurs qui n'ont apparemment pas apprécié l'une ou l'autre des images projetées. Comment réagissez-vous à cela?

F: Moi, je m'en fout complètement. Je n'ai aucune réaction. Enfin... Si on les a choqués, ma foi, c'est pas si mal non plus. (rires). C'était quoi comme images, au fait?

S: Je crois que c'est le montage des têtes coupées.

F: Evidemment.

Q: Comment pouvez-vous gérer votre vie de musiciens à plein temps sans pour autant en faire votre métier?

F: C'est un choix de vie. La musique, c'est une nécessité pour moi, comme d'autres, c'est de travailler ou de manger des truffes. Dans le groupe, seuls Pierre et moi ne travaillons pas, on ne fait que de la musique, nous n'avons donc pas besoin de beaucoup d'argent, en fait...

Q: Vous devez quand même bien payer des trucs comme tout le monde, des impôts, votre maison...

F: Moi, j'ai la grande chance d'avoir hérité de ma maison, je n'ai donc pas d'hypothèque et tout ce genre de saloperies. Sylvie travaille à la maison, touche un salaire, ce qui facilite pas mal les choses.

Q: Tu n'as pas l'impression de vivre à ses crochets?

F: Je vis à tes crochets?

S: Mais oui, bien-sûr, tu es un entretenu! (rires)

F: Sérieusement, je n'ai rien demandé. Après mes études, j'ai travaillé une année, mais je ne trouvais plus assez de temps pour la musique, j'étais obligé de la faire la nuit et j'étais mort de fatigue. J'ai décidé d'arrêter. Notre vie est simple et tranquille, on a notre potager, on fait notre pain nous-même, on n'achète pas beaucoup, juste ce qui est nécessaire et je te jure qu'on est bien! De plus, le groupe dispose d'un compte commun dans lequel tout le monde peut puiser si c'est nécessaire. Tout l'argent que l'on gagne en tournée, par la vente des disques est uniquement destiné à approvisionner ce compte, c'est un peu notre salaire si tu veux. Parce qu'il est évident que je refuse le chômage.

Q: Pourquoi?

F: (sourire) Tu deviens un bon journaliste, toi, tu sais alimenter ton site de détails existentiels... On ne va pas profiter d'un système que l'on critique, il faut être en accord avec soi-même, c'est la moindre des choses. Bon, moi, j'ai soif, qui vient boire un verre là-dedans?

[Pierre se lève douloureusement suivi de Gérard et de Greg]

Q: Après une tournée comme celle-ci, vous vous octroyez un peu de repos ensuite?

S: Moi, oui, F et Pierre, eux n'arrêtent pour ainsi dire jamais. Il faudra choisir un concert pour faire l'album live, mais je crois que le choix est déjà fait. Ensuite, il faudra mixer et faire une pochette.

Q: Comment faites-vous vos pochettes?

S: On ne se casse pas du tout la tête. C'est F qui décide. Pour cela, c'est vrai, il est un peu tyrannique! (rires!) Il utilise Photoshop de la façon la plus basique qui soit.

Q: Les concerts auxquels j'ai assistés sont beaucoup plus courts que d'habitude.

S: Oui, on a décidé ça à la fin de la dernière tournée parce qu'on était vraiment très fatigués. Et puis, malgré tout, les longs concerts entrainent des pertes d'intensité, alors voilà. Bon, j'ai soif aussi moi!

Et voilà... Demain matin, nous nous rendrons dans la salle où aura lieu le concert, les morceaux ont déjà été choisis. Je vous reparle dès mon retour.

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